Le 6 juin, une quarantaine d’hommes équipés d’armes automatiques ont attaqué le domicile du ministre de l’Économie, Vital Kamerhe, avant de pénétrer dans le palais de la Nation, à Kinshasa. La première audience du procès des auteurs ou complices présumés de la très énigmatique « tentative de coup d’État » contre le régime de Félix Tshisekedi s’est tenue le même jour dans l’enceinte de la prison militaire de Ndolo, devant le Tribunal de garnison de Kinshasa-Gombe. Selon un acte juridique publié par des médias congolais, 53 personnes sont poursuivies pour divers chefs d’accusation graves, dont attentat, terrorisme, et financement du terrorisme.
Un commando de plusieurs dizaines d’hommes avait attaqué le domicile de Vital Kamerhe sans parvenir à l’atteindre, avant de pénétrer facilement dans le palais de la Nation. Sous l’œil des caméras de leurs téléphones, ils ont descendu le drapeau de la République démocratique du Congo (RDC) pour hisser celui du Zaïre. Christian Malanga, chef du commando, clamait alors : « Le temps est arrivé. Vive le Zaïre ! » Cependant, les assaillants ont été « neutralisés » quelques heures après le début de leur action, avec au moins quatre personnes tuées, y compris Malanga.
Les autorités ont annoncé avoir étouffé « une tentative de coup d’État », mais les motivations des assaillants restent floues. L’absence du chef d’accusation d’atteinte à la sûreté de l’État a suscité des interrogations. L’extrême rapidité de l’instruction, bouclée en moins de trois semaines, et la présence de ressortissants étrangers parmi les accusés, dont trois Américains et un Belge, ajoutent à la confusion. L’ambassade des États-Unis à Kinshasa a assuré sa coopération aux autorités congolaises.
Jean-Jacques Wondo, un Congolais naturalisé belge, figure également parmi les prévenus. Ses proches dénoncent une « arrestation arbitraire » et un dossier sans fondement. Ancien conseiller spécial pour la réforme de l’Agence nationale de renseignements (ANR), Wondo est accusé de complicité avec Malanga, une allégation rejetée par sa famille. La justice militaire a d’abord présenté une photo de 2016 comme preuve de leur lien, avant d’accuser Wondo d’avoir fourni un moyen de transport aux assaillants, des accusations que sa famille qualifie d’incohérentes.
Empreintemag RDC, 1er magazine congolais
Publié par Ruthianna Bakamusua