Cheikh Anta Diop : le savant sénégalais qui a réécrit l’histoire et la science africaine

Physicien nucléaire, historien, linguiste et anthropologue, Cheikh Anta Diop (1923–1986) fut l’un des intellectuels les plus complets et controversés du XXe siècle. Pourtant, son nom reste largement absent des manuels scolaires africains. Son œuvre, pourtant, a marqué un tournant dans la manière d’envisager l’histoire et le savoir scientifique sur le continent.

Né en 1923 à Diourbel, au Sénégal, il poursuit des études à Paris en: Philosophie, Physique nucléaire, Histoire, Linguistique, Égyptologie et bien plus encore à Paris vers les années 1950. Il s’inscrit en physique à la Sorbonne, tout en travaillant sur une thèse d’histoire. C’est là qu’il développe sa thèse centrale : l’Égypte ancienne était une civilisation africaine noire, et l’Afrique a été un foyer majeur de la culture et de la science humaines.

À une époque dominée par des récits coloniaux et raciaux, ses recherches s’appuient sur des analyses multidisciplinaires : études linguistiques, anthropologiques, génétiques et physiques (dont l’analyse au carbone 14 pour tester les restes momifiés). Diop démontrait que l’histoire de l’Afrique ne commence pas à la colonisation, mais bien avant, et qu’elle est fondée sur des productions intellectuelles complexes.

Il fonde plus tard le Laboratoire de Datation par le Carbone 14 à l’université de Dakar, une première en Afrique, pour permettre au continent de mener ses propres recherches archéologiques.

Auteur de nombreux ouvrages, comme Nations nègres et culture (1954) ou Civilisation ou barbarie (1981), Cheikh Anta Diop meurt en 1986 à Dakar. Son héritage continue d’influencer les débats sur la place de l’Afrique dans l’histoire mondiale, la restitution des patrimoines, et l’épistémologie décoloniale.

Aujourd’hui, l’Université de Dakar porte son nom.

Leave a Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *