Nzinga : la reine qui a défié l’empire portugais

Au XVIIe siècle, alors que l’esclavage transatlantique bat son plein et que les puissances européennes étendent leur domination en Afrique, une femme se dresse face à l’Empire portugais. Nzinga Mbande, reine du Ndongo et du Matamba (actuel Angola), entre dans l’histoire comme l’une des figures africaines les plus stratégiques, résilientes et redoutées de son époque.

Nzinga naît vers 1583 dans le royaume du Ndongo. Issue d’une lignée royale, elle est formée très tôt à la diplomatie, aux langues, à l’art de la guerre. En 1622, elle est envoyée comme négociatrice auprès des Portugais à Luanda. Elle y impressionne par son intelligence politique : elle refuse de s’asseoir par terre face au gouverneur portugais, et fait placer un serviteur à quatre pattes pour y poser ses jambes. Un acte devenu symbole de résistance et de dignité africaine.

Nzinga accède au pouvoir en 1624, après la mort de son frère Ngola Mbande, roi du Ndongo.Ce dernier, affaibli politiquement par les pressions portugaises et les conflits internes, avait envoyé Nzinga comme émissaire diplomatique à Luanda en 1622. Elle y avait brillamment négocié, mais à sa mort, Nzinga doit faire face à une succession contestée. Elle s’impose alors comme reine, en adoptant notamment des symboles masculins du pouvoir, comme le titre de « Ngola » (roi), les tenues guerrières, et parfois même l’autorité militaire.

Elle devient ainsi reine du Ndongo, puis, après des revers face aux Portugais, elle se replie et consolide son pouvoir sur le royaume voisin du Matamba, qu’elle dirigera stratégiquement pendant plusieurs décennies.

Face aux pressions portugaises, elle alterne tactique militaire et alliances politiques : elle forme une armée de guérilla, intègre des esclaves affranchis, noue des alliances avec les Hollandais et joue des divisions internes au sein des royaumes africains.Convertie au catholicisme pour des raisons diplomatiques, elle sait aussi se retirer quand nécessaire, mais ne capitule jamais.

Nzinga meurt en 1663 à plus de 80 ans, après avoir dirigé pendant plus de 30 ans et défendu farouchement son peuple contre la domination étrangère. Son règne est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus marquants de l’histoire précoloniale africaine.

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