« Seize vaches, au moins cinq chèvres, des outils pour la ferme, des machettes et des pièces de wax pour ma mère et mes tantes : c’est ce qui a été demandé pour ma dot. Il ne fallait pas moins de 5 000 dollars pour l’achat de tous ces biens. Mon fiancé ne gagnait que 250 dollars par mois à ce moment-là », raconte X, une architecte d’intérieur originaire de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). La famille de la jeune femme a refusé de revoir ses exigences à la baisse, poussant le couple à la rupture après quatre ans de relation. « Certains disaient que ma famille me vendait », se souvient-elle.
En RDC, le coût du mariage a considérablement augmenté ces dernières années. En plus de la dot, plusieurs milliers d’euros sont nécessaires pour les vêtements des différentes cérémonies, les frais d’enregistrement, la location de la voiture et de la salle des fêtes, et le traiteur. Face à cette inflation, le Parlement congolais envisage de légiférer pour plafonner la dot à 1 million de francs congolais (380 euros). Z, un député, propose aussi d’établir un registre des biens exigés selon les coutumes locales. A, 35 ans, espère que cette loi lui permettra de se marier avec son modeste salaire.
Cependant, certains, comme B, pensent que l’État ne doit pas s’immiscer dans des affaires familiales. « Les parents de ma fiancée n’avaient exigé aucune somme d’argent. Tous les parents ne sont pas cupides. » C, une députée, s’oppose également à la modification du code de la famille, estimant que « la femme n’a pas de prix ». Face à ces contraintes, certains optent pour le « yaka tofanda », l’union libre en lingala. Pour d’autres, la cohabitation s’impose en mode de vie. « C’est vrai que la dot fait partie de nos coutumes, mais nos parents doivent se souvenir qu’ils ne nous vendent pas », déclare X.
Empreintemag RDC, 1er magazine congolais
Publié par Ruthianna Bakamusua